Par Emmanuel Toniutti @EToniutti
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Le leadership nécessite avant tout de croire en soi et à ce que nous entreprenons. Comment donner du sens, affronter les crises, conduire les conflits et s’adapter au changement si ce n’est par la confiance que nous avons en nous-mêmes ? La confiance ne se décrète pas, elle se construit. Elle est le résultat de la capacité personnelle à accepter ses faiblesses, à assumer ses forces et à savoir intégrer ses propres doutes. À partir de là, nous pouvons bâtir une équipe solide avec laquelle nous allons, en commun, partager des valeurs humaines fortes, identifier une vision du futur réaliste et ambitieuse, définir des objectifs stratégiques clairs à atteindre sur un temps défini, mettre en place des règles de fonctionnement simples et efficaces mais aussi évoquer les doutes qui nous traversent. Ces conditions réunies, nous serons en mesure de transmettre du sens, traverser ensemble les difficultés auxquelles nous serons confrontés et prendre les décisions qui s’imposent en face des situations délicates. La réalité est cependant loin de la théorie. Où sont nos leaders ? Nos meneurs ? Nos chefs de meute ? Ils sont malheureusement souvent très loin du terrain, très éloignés des problématiques que leurs managers et leurs collaborateurs ont à gérer au quotidien, satellisés dans les sphères du pouvoir et de l’argent.
En règle générale, toutes cultures confondues, l’absence des leaders sur le terrain peut essentiellement provenir de trois facteurs : soit ils manquent cruellement de réalisme, soit ils n’osent pas dire la vérité par lâcheté ou bien par peur du résultat de l’effet de cette vérité sur les personnes, soient ils sont impuissants. Comme nous le rappelle Aristote dans son Éthique à Eudème, le courage est le juste équilibre entre la lâcheté et la témérité. Il existe beaucoup de lâches, de nombreux téméraires et peu de courageux. Le courage n’est pas naturel à l’être humain. Il se construit, il demande entraînement, accompagnement, confrontation à ce que nous n’aimons pas de nous-mêmes et des autres. Bien que chacun de nous puisse être courageux, la lâcheté et la témérité sont souvent le résultat d’un manque de réalisme. Afin de comprendre pourquoi nous manquons cruellement de leaders aujourd’hui, il nous faut donc regarder la réalité de l’environnement mondial dans lequel ils évoluent quotidiennement.
Sur le plan politique, les États sont soumis au pouvoir de la finance, des banques et des fonds d’investissement. Ce sont le Fonds Monétaire International et la Banque Centrale Européenne pour ce qui concerne l’Occident qui, à titre d’exemple, décident pour les États européens. Et ceux-ci, plongés dans une situation complexe difficile, gèrent leurs finances sans être en mesure de réduire leurs déficits. La question leur est posée de partager équitablement les ressources. Les déficits étatiques sont le résultat du gaspillage et des acquisitions inutiles qui servent le pouvoir et la réélection de certains à défaut de servir, comme il se devrait, le citoyen.
Sur le plan économique, les entreprises sont soumises à la dictature de la finance ultralibérale d’origine américaine et des grands groupes financiers et industriels qui fonctionnent sous forme de monopoles, imposant leurs règles de fonctionnement à leurs fournisseurs et à leurs clients. Le retour sur investissement à deux chiffres est devenu une obsession, voire une quête mythique. Nos dirigeants osent nous parler de reprise de la croissance. Mais la vérité est que la croissance, telle que nous l’avons connue jusqu’à aujourd’hui en Occident, est terminée. Nous avons atteint le maximum de nos possibilités de développement actuel. Il va falloir nous orienter différemment pour le futur. La vérité est que nous avons privilégié de manière généralisée le modèle de création de valeur pour l’actionnaire en oubliant que toute entreprise et organisation se constituent d’abord pour créer de la valeur pour le client. Nous avons détruit nombre de nos potentialités créatrices. En ce sens, la crise des subprimes de 2008, bien qu’il fût enseigné dans toutes les Grandes Écoles que la crise systémique était impossible, nous a montré les limites d’un système valorisant essentiellement le critère de réussite de l’argent.
Sur le plan social, nous voyons se dessiner un fossé grandissant entre les populations de classes riches et celles moyennes et pauvres. Cette situation est le terreau de la colère et du désespoir. Ces sentiments ne peuvent avoir que deux issues : renoncer au combat pour la vie ou se révolter. Le « printemps arabe » dans les pays arabo-musulmans, le courant des « indignés » en Europe, « Occupy Wall Street » à New York et « Occupy Central » à Hong Kong ont été, à titre d’exemple, l’une des formes de cette révolte laissée jusqu’ici inachevée. Dans un autre registre, toujours dans le domaine social et même si cela aura des conséquences de bien-être probable pour le futur, la révolution digitale impose une accélération du rythme de vie considérable sur lequel les entreprises ont du mal à bâtir des nouveaux modèles de management qui permettent de maintenir un certain équilibre entre la performance économique et le respect de l’être humain. L’augmentation du stress fait croître le nombre potentiel de dépressions.
Sur le plan géopolitique, la Chine a définitivement pris le chemin du leadership mondial, détenant plus de 30% des bons du trésor américain. Même si la Chine sera traversée par les turbulences d’un pays dont la croissance va commencer à diminuer, elle a réussi à convaincre il y a un an ses partenaires russe, indien et brésilien de créer la Nouvelle Banque de Développement pour concurrencer stratégiquement le Fonds Monétaire International. Elle va désormais poursuivre et finaliser sa colonisation financière de l’Occident, savamment ébauchée depuis l’ouverture de la Chine au capitalisme au début des années 1990 selon les règles précises de l’art de la guerre. Toutefois, le ralentissement de son économie démontre qu’il n’y a pas, du point de vue du leadership mondial, de héros invulnérable.
Sur le plan de la religion, la montée en puissance des extrémismes radicaux en tout genre souligne le retour du sacré sous sa forme violente et démonique indiquant une recherche de sens désespérée de l’être humain du point de vue spirituel. L’Occident a pour sa part fait d’un courant de l’Islam son bouc émissaire. La chute des tours du World Trade Center à New-York en 2001 a précipité l’entrée dans un conflit violent latent depuis des siècles. La constitution d’un État islamique pourrait être interprétée comme le résultat de la prétention américaine à vouloir à tout prix instaurer une démocratie inspirée du christianisme puritain calviniste totalitaire. Dans le domaine de la religion, les inconscients collectifs qui se réveillent aujourd’hui sous la forme du radicalisme sont le résultat de l’histoire. La négation des différences culturelles, à travers la mise en place d’un modèle religieux universel appelé mondialisation, conduit nécessairement à la révolte identitaire. Le système de la mondialisation est en effet le résultat de la mise en œuvre de la croyance selon laquelle les États-Unis ont pour mission, selon le plan de Dieu sur l’humanité, de sauver le monde. Il s’agit d’une croyance combinant religion et capitalisme néolibéral qui a pour objectif de convaincre les États qu’elle est le remède à tous les maux, sans distinction sur le plan culturel.
Sur le plan de la défense, les américains surveillent l’ensemble de la planète à travers leur programme de la NSA et leurs outils de médias sociaux dédiés à envahir le marché du village mondial. Il y a là un enjeu militaire, économique et d’opportunités d’affaires dont seuls les chinois ont bien compris les tenants et les aboutissants en créant leurs propres outils numériques et digitaux sociaux de surveillance. Les russes se sont concrètement ralliés à leur pouvoir. De leur côté, les Européens rêvent doucement, voire béatement, d’un traité transatlantique qui réglerait le problème de la cyberdéfense et de la croissance. De ce point de vue, l’Europe est devenu l’otage des américains. Cela pose la question du respect du droit et des règles à la concurrence dont le marché sait bien qu’il est régulièrement bafoué par tout un chacun.
Enfin, sur le plan environnemental, nos industries qui n’ont cessé de fabriquer des produits et services dont les départements de marketing se sont saisis pour mieux nous vendre tout ce dont nous n’avions pas besoin, ont pollué la planète et nos cerveaux. Aucun accord de mise en œuvre réelle d’une politique mondiale qui consisterait à réduire les effets négatifs de nos modes de fonctionnement sur la planète n’a été concrètement mis en pratique à ce jour. À titre d’exemple, la conférence sur le climat (COP 21) qui aura lieu en France en fin d’année 2015 constitue une chance extraordinaire pour les leaders de démontrer qu’ils ont le courage nécessaire de changer le monde.
Et pourtant, au-delà de ce tableau noir de la réalité, il existe partout sur le terrain des potentialités créatrices de développement émergeant de personnes et de petites communautés exceptionnelles. Les nouvelles générations s’adaptent différemment, elles ne manquent pas d’idées et fonctionnent déjà sous un mode de rejet tribal de la société de globalisation. Les réseaux sociaux démultiplient les possibilités d’expansion du savoir culturel, ils mobilisent une intelligence collective, des modèles d’économie collaborative, sociale et solidaire. Certaines entreprises créent de nouveaux modèles de leadership éthique et responsable respectueux de la nature et de l’être humain. Plusieurs ont déjà, avec urgence, envisagé une croissance différente intégrant une économie revue et corrigée misant sur les technologies vertes, sur l’imposition d’un prix sur le carbone et sur l’entrepreneuriat social. Une partie de l’humanité croit en l’humanité. Mais la majorité de nos leaders actuels ne croient pas en l’humanité. Ils croient en leur réussite, en leur réélection, en leur performance. Ils croient aux cours de bourse. Ils se laissent dicter le chemin de l’avenir par la finance.
Un vrai leader ne se laisse rien imposer. Il écoute, il invente, il crée, il oriente, il prend conscience que son rôle est au service du destin de l’humanité. Il dessine un plan de bataille révolutionnaire dont la source émerge de lui-même, de son entourage et d’une énergie créatrice qui lui est donnée pour servir ses citoyens, ses employés, ses semblables. Le leadership ne s’improvise pas, il s’élabore pas à pas, dans la confrontation à soi, aux autres et au monde. La mauvaise connaissance de soi est l’un des échecs majeurs du leadership. Comment nos leaders se préparent-ils à affronter les temps de changement et de mutation qui viennent ? Combien de temps nos leaders consacrent-ils à la conduite de leurs peurs et de leurs angoisses existentielles ? Une tendance générale consiste à croire que le leadership s’exerce à travers la maîtrise de la communication. La meilleure communication qui soit, pour un leader, est de dire la vérité. Leurs conseillers en communication ne vont pas en ce sens. La croissance telle que nous l’avons connue n’est plus possible, la réalité est que nous devons changer nos habitudes de pays riches, habitués à consommer et à gaspiller sans compter, achetant des objets inutiles. Comment redonner le sens commun aux autres si nous ne l’avons pas déjà pour nous-mêmes ? Comment être au service de quelque chose de plus grand que soi, si nous nous centrons sur notre réussite individuelle ? Comment mettre en pratique la solidarité et la loyauté si nous ne développons pas des modèles de leadership participatif et collaboratif ? L’Europe est un bon exemple à ce sujet.
Les institutions européennes coûtent très chères, l’Europe a été construite autour d’un traité économique qui n’a jamais consisté à intégrer les différences culturelles des pays constitutifs comme une richesse, donc l’Europe ne réglera pas le problème des États. L’Europe ne détient pas le leadership sur le monde, ce sont les banques d’affaires, les chinois et les américains. Alors que faire ? Inventer de nouveaux modèles de leadership qui permettent de contrer la puissance des américains et des chinois. Comment ? D’abord, en redéfinissant des valeurs qui s’inspirent de la relecture de nos mythes fondateurs : les spiritualités égyptienne, grecque, latine, chrétienne, celles de la Renaissance, des Lumières et de notre monde moderne, les uns ne devant absolument pas exclure les autres. Puis, en bâtissant des stratégies qui reprennent le chemin délaissé de la création de valeur partenariale dont le modèle s’inscrit dans la relation intime et étroite de service pour le client. Ensuite, en utilisant tous les nos nouveaux moyens de communication nécessaires à la mise en place d’une organisation qui permette de mettre en œuvre ces nouvelles stratégies. Enfin, et c’est là le point crucial manquant du leadership aujourd’hui, en travaillant tant sur le plan individuel que collectif à développer des comportements vertueux cohérents avec nos valeurs. Ces comportements devront être détachés de l’obsession de l’argent, ils devront renouer avec la volonté de remettre le client comme unique source de création de valeur de nos organisations. La performance économique qui en découlera devra être comprise comme une conséquence et non un but.
Le temps n’est plus, ni aux propositions, ni aux négociations, mais à l’action. Le leadership n’est pas une proposition mais une révolte contre l’optimisme irréaliste. Un vrai leader a la capacité à rassembler ceux qui sont prêts à le suivre pour envisager une nouvelle vision pour le monde, pour la mettre en œuvre et redonner ainsi confiance à l’humanité, et ici en l’occurrence à l’Occident. Et là pour le moment, à ce sujet, sur le terrain, très peu de leaders de ce type se font jour. Bergson disait : « le futur ce n’est pas ce qui va se passer mais ce que l’on va faire », je pose la question : qu’allons-nous faire ? Qui va le faire ?
Where are our leaders?
Leadership requires above all to believe in oneself and what one does. How can one make sense, confront crisis, lead conflicts and adapt to change without inner-self confidence? Confidence is not decreed, it is built. It is the result of ones ability to accept ones own weaknesses, to assume ones strengths and to know how to integrate ones own doubts. From therein, we can build a strong team with which, together, we share strong human values, identify a realistic and ambitious vision of the future, set clear strategic objectives over a set time, set up simple and effective rules of operation but also raise any doubts that may come to us. With all these conditions put together, we will be able to convey meaning, through all the challenges we face and take necessary decisions when faced with difficult situations. Reality is far from theory. Where are our leaders? Our leaders? Our pack leaders? Unfortunately they are often very far from the ground, far removed from the issues that their managers and their employees have to deal with on a daily basis. They are in orbit, in the spheres of power and money.
Generally and considering all cultures, the lack of leaders in the field can come primarily from three factors: either they are desperately short of realism, either they do not dare to tell the truth out of cowardice or fear of the consequence of this truth on people or their own person, or they are powerless. As Aristotle reminds us in his Eudemian Ethics, courage is the right balance between cowardice and rashness. There are many cowards, numerous fearless but of courageous only a few. Courage is not natural to the human being. It is built, it requires training, guidance and support, as well as confronting that we do not love in ourselves and others. Although each of us can be courageous, cowardice and recklessness often result from a lack of realism. To understand why we are desperately short of leaders today, we need to look at the reality of the global environment in which they live on a daily basis.
Politically, the States are subject to the power of finance, banking and investment funds. These being the International Monetary Fund and the European Central Bank regarding the West which, for example, decide for the European states. And these, whilst immersed in a difficult and complex situation, manage their finances without being able to reduce their deficits. They are asked to share resources equitably. State deficits are the result of wasteful and needless acquisitions that serve the power and re-election of some whilst failing to serve, as should be the case, the citizen.
On the economic front, companies are subject to ultra-liberal financial dictatorship of US origin and large financial and industrial groups that operate as monopolies, imposing their operating rules on their suppliers and their customers. The double-digit return on investment has become an obsession or even a mythical quest. Our leaders dare talk about growth recovery. But the truth is that growth as we have known up until today in the West is over. We’ve reached the maximum of our possibilities of current development. We’ll have to orient ourselves differently in the future. The truth is that we focused on a widespread value creation model for the shareholder forgetting that every company and organization exists in the first place to create value for the customer. We have destroyed much of our creative potential. In this sense, the subprime crisis of 2008, as was taught in all great schools as being impossible, showed us the limits of a system whose essentially valuing criteria was financial success.
On a social level, we now see a widening gap between the rich, the middle-classes and the poor. This makes a breeding ground for anger and despair. These feelings can have only two outcomes: give up the fight for life or revolt. The « Arab Spring » in the Arab-Muslim countries and the event of « indignant » in Europe, « Occupy Wall Street » in New York and « Occupy Central » in Hong Kong were, for example, one form of revolt so far left unfinished. On another level, though still in the social field and even if there may be consequences regarding wellbeing for the future, the digital revolution demands an ever quickening speedy pace of life on which companies are struggling to build new models of management that keep the balance between economic performance and respect for the human being. Increased stress is increasing the potential number of depressions.
In geopolitical terms, China has definitely taken the path of global leadership, holding more than 30% of the US Treasury bonds. While China will go through the turmoil of a country whose growth will start to decrease, it nevertheless managed to convince a year ago its Russian, Indian and Brazilian partners to create a New Development Bank to strategically compete with the international Monetary Fund. It will now go on and finalize its financial occupation of the West, so cleverly etched out since the opening of China to capitalism in the early 1990s according to precise rules of warfare. However, its economic slowdown demonstrates that there is no, regarding global leadership, invulnerable hero.
In terms of religion, the rise of radical extremism of all kinds marks the return of the sacred in its violent and demonic form indicating a desperate search for meaning for the human being from a spiritual point of view. The West has made a part of Islam its scapegoat. The fall of the World Trade Center in New York in 2001 precipitated the entry into a violent conflict having being latent for centuries. The establishment of an Islamic state could be interpreted as the result of the US claim to want at all costs to establish a totalitarian democracy inspired by Puritan Calvinist Christianity. In the field of religion, unconscious groups awakening today in the form of radicalism are the result of history. The denial of cultural differences, through the establishment of a universal religious model called globalization unavoidably leads to a revolt of identity. The system of globalization is indeed the result of the implementation of the belief of the US; that their mission according to the plan of God for humanity is to save the world. It is a belief and combining religion with neoliberal capitalism which aims at convincing the States that it is the cure for all ills, indiscriminately, on a cultural level.
Regarding defense, the US monitor the entire planet through their NSA program and their social media tools dedicated to invade the global village market. There are military, economic and business stakes here which only the Chinese have understood the ins and outs of in creating their own digital tools and social digital surveillance. The Russians have in fact rallied to their power. For their part, Europeans quietly or blissfully dreaming, hope for a transatlantic treaty that would solve the problem of cyber defense and growth. From this point of view, Europe has become a hostage of the Americans. This raises the question of respect for law and the rules of competition in which the market is known to be regularly flouted by everyone.
Finally, in environmental terms, our industries that have continued to produce products and services that marketing departments have seized to better sell us what is needless and have polluted the planet and our brains. No actual implementation of a global political agreement that would be to reduce the negative effects of our operating modes on the planet has actually been put into practice so far. For example, the climate conference (COP 21) to be held in France in late 2015 is an extraordinary opportunity for leaders to show that they have the courage to change the world.
Yet beyond this dark picture of reality, there exists everywhere in the field a potential creative development emerging from exceptional individuals and small communities. The new generations are adapting differently, they do not lack ideas and are already operating in a mode of tribal rejection of the globalization of society. Social networks multiply the possibilities of expansion of cultural knowledge, they mobilize collective intelligence of collaborative economic models of social solidarity. Some companies are creating new ethical and responsible leadership models respectful of nature and the human being. Many already have, with urgency, envisaged a different growth economy including revised and corrected focusing on green technologies, on imposing a price on the carbon footprint and on social entrepreneurship. A portion of humanity believes in humanity. But the majority of our current leaders do not believe in humanity. They believe in their success, in re-election and their performance. They believe in the share price. They allow their futures to be dictated by finance.
A true leader never lets anything to be forced upon him. He listens, he invents, he creates, he directs, he realizes that his role is to serve the fate of humanity. He designs a revolutionary battle plan, which comes from himself, those around him and a creative energy that is given to him to serve his citizens, his employees and his equals. Leadership does not just happen, it is about taking the step to confront yourself, others and the world. Poor self-knowledge is one of the major failures of leadership. How do our leaders prepare themselves for the change of time and transfer to come? How long will our leaders spend driving their fears and angst? A general tendency is to believe that leadership is exercised through control of communication. The best communication, for a leader, is to tell the truth. Their communication advisors do not take this direction. Growth as we have known it is no longer possible, the reality is that we must now change our habits of rich nations, accustomed to consume and waste freely and in buying needless items. How to restore common sense to others if we have not already for ourselves? How can one serve something greater than ourselves, if we focus on our individual success? How can one practice solidarity and loyalty if we do not develop participatory and collaborative leadership models? Europe is a good example of this.
The European institutions are very expensive. Europe was built around an economic treaty that has never been able to integrate cultural differences as a richness for the countries that make it, so Europe will not solve the problem of States. Europe does not have the leadership in the world, it is the commercial banks, the Chinese and the Americans. So what can we do? Invent new leadership models to counter the power of the Americans and Chinese. How? First, by redefining the values that are based on the reading of our founding myths: the Egyptian, Greek, Latin, Christian spirituality, those of the Renaissance, the Enlightenment and the modern world, one must definitely not to exclude other. Then, by building strategies that take up the abandoned path by the creation of stakeholder value whose model is based on an intimate and close relationship with the customer in order to better serve. Then by using all our new means of communication to set up and implement these new strategies. Finally, and this is the crucial point missing in leadership today, by working both individually and collectively to develop virtuous behaviors consistent with our values. These behaviors must be detached from the obsession with money, they will reconnect with the will of putting the customer first as the sole source of value creation of our organizations. Which will result in the economic performance being understood as a consequence and not a goal.
It is no longer time to propose or negotiate but to act. Leadership is not a proposal but a revolt against unrealistic optimism. A true leader has the ability to bring together those who are willing to follow him to consider a new vision for the world, to implement and thus restore trust in humanity and in this case here in the West. And here for the moment, on this point, on the ground, very few leaders of this type arise. Bergson said, « the future is not what will happen but what we will do with it, » I raise the question: what will we do? Who will do it?
Dove sono i nostri leaders?
La leadership comporta prima di tutto credere in sé e in ciò che intraprendiamo. Come dare il senso, affrontare le crisi, gestire i conflitti e adattarsi al cambiamento senza passare attraverso la fiducia in noi stessi? La fiducia non si impone, si costruisce. È il risultato della capacità personale di accettare le proprie debolezze, di prendere in carico le proprie forze e saper integrare le proprie incertezze. A partire da qui, possiamo costruire un gruppo solido con il quale condividere dei valori umani forti, con il quale identificare una visione del futuro realista e ambiziosa, definire degli obiettivi strategici chiari, da raggiungere in un tempo stabilito, mettere in opera un regolamento semplice eppure efficace, ma anche evocare le perplessità che ci attraversano. Posto che si verifichino tutte queste condizioni, saremo allora in grado di trasmettere del senso, attraversare insieme le difficoltà con cui saremo confrontati e prenderemo delle decisioni che si imporranno in risposta a situazioni delicate. La realtà è tuttavia piuttosto lontana dalla teoria. Dove sono i nostri leaders? I nostri capibranco? Sfortunatamente sono spesso molto lontani dal campo, troppo distanti dalle problematiche che i loro managers e i loro collaboratori devono gestire quotidianamente, segregati come sono nelle loro gabbie dorate del potere e del denaro.
In linea di massima, trovando un comune denominatore tra le varie culture, l’assenza dei leaders sul campo proviene essenzialmente da tre fattori: hanno una spietata mancanza di realismo, non osano dire la verità per vigliaccheria o per paura del risultato, cioè dell’effetto di questa verità sulle persone, oppure sono impotenti. Come ci ricorda Aristotele nella sua opera Etica Eudemia: «il coraggio è il giusto equilibrio tra la viltà e la temerarietà». Esistono molti codardi e molti temerari, ma pochi coraggiosi. Il coraggio non è naturale per l’essere umano. Si costruisce, richiede un accompagnamento, un allenamento, necessita un confronto con ciò che non amiamo di noi stessi e degli altri. Benché ciascuno di noi possa essere coraggioso, la vigliaccheria e la temerarietà sono spesso il risultato di una mancanza di realismo. Affinché si possa comprendere il motivo di questa enorme mancanza da parte dei leaders di oggi, dobbiamo quindi osservare la realtà dell’ambiente internazionale in cui evolvono ogni giorno.
Sul piano politico, gli Stati sono sottomessi al potere della finanza, delle banche e dei fondi d’investimento. Sono il Fondo Monetario Internazionale e la Banca Centrale Europea per quanto concerne l’Occidente ad esempio, che decidono per gli Stati membri. Questi ultimi, sommersi dalle difficoltà di una situazione complessa, gestiscono le loro finanze, senza essere in grado di ridurre i debiti. Ciò che viene loro chiesto è di condividere equamente le risorse. I debiti di Stato sono il risultato dello spreco e delle spese inutili che servono il potere, sono il risultato di una politica che mira alla rielezione di alcuni politici, invece di servire il cittadino come dovrebbe.
Sul piano economico, le imprese sono subordinate alla dittatura della finanza ultraliberale di origine americana, e dei grandi gruppi finanziari e industriali che agiscono sotto forma di monopolio, imponendo le loro regole di funzionamento a fornitori e clienti. Il ritorno di investimento a due cifre è diventato un’ossessione, potremmo dire un mito. I nostri dirigenti osano parlarci di ripresa della crescita. La verità è che la crescita, così come l’abbiamo concepita fino ad oggi in Occidente, è terminata. Abbiamo raggiunto il massimo delle nostre possibilità di sviluppo. È necessario orientarci in modo diverso per il futuro. La verità è che abbiamo privilegiato diffusamente il modello di creazione di valore per l’azionista, dimenticando che qualunque impresa o organizzazione si costituisce prima di tutto per creare valore per il cliente. Abbiamo distrutto numerose nostre potenzialità creatrici. In questo senso, (nonostante lo abbiano bene insegnato in tutte le Grandi Scuole che la crisi sistemica sia impossibile), la crisi dei subprimes del 2008 ci ha mostrato i limiti di un sistema che valorizza essenzialmente il successo monetario.
Sul piano sociale, vediamo profilarsi un crescente divario tra le classi ricche e le classi povere. Una tale situazione è terreno fertile per la rabbia e la disperazione. Questi sentimenti non possono avere che due conseguenze: rinunciare a combattere per la vita oppure ribellarsi. La «primavera araba» nei paesi arabo-musulmani, le correnti degli «indignati» in Europa, « Occupy Wall Street » a New York e « Occupy Central » a Hong Kong sono stati, a titolo di esempio, alcune forme di rivolta lasciate fino ad oggi incompiute. In un altro senso, ma sempre in ambito sociale, e anche se questo avrà dei risultati positivi in termini di benessere guardando al futuro, la rivoluzione digitale impone un’accelerazione considerevole del ritmo di vita; dinamica sulla quale le imprese faticano molto a costruire nuovi modelli di gestione che permettano di mantenere un certo equilibrio tra la performance economica e il rispetto dell’essere umano. Non da ultimo, l’aumento dello stress fa crescere esponenzialmente il numero di depressioni.
Sul piano geopolitico, la Cina ha definitivamente intrapreso il cammino verso una leadership mondiale, detenendo più del 30% dei buoni del Tesoro americano. Anche se la Cina sarà attraversata dalle turbolenze di un paese in cui la crescita inizia la sua fase calante, è riuscita a convincere un anno fa, i suoi partners russi, indiani e brasiliani a costituire la Nuova Banca dello Sviluppo, per concorrere strategicamente con il Fondo Monetario Internazionale. Procede ormai nel suo intento che riguarda la colonizzazione finanziaria dell’Occidente, abilmente delineato a partire dall’apertura della Cina al capitalismo agli inizi degli anni ’90, secondo le regole precise dell’arte della guerra. Tuttavia, il rallentamento della sua economia dimostra che non esistono, da un punto di vista di leadership mondiale, degli eroi invulnerabili…
Sul piano della religione, l’ascesa al potere di estremisti radicali di ogni tipo, sottolinea il ritorno del sacro nella sua forma violenta e demoniaca che indica una disperata ricerca di senso dell’essere umano dal punto di vista spirituale. L’Occidente, dal canto suo, ha fatto di una corrente islamica il capro espiatorio. La caduta delle torri del World Trade Center a New York nel 2001 ci ha fatto piombare in un conflitto violento che era latente da secoli. La costituzione di uno Stato islamico potrebbe essere interpretata come la diretta conseguenza della pretesa americana di volere, a qualunque costo, instaurare una democrazia ispirata ad un cristianesimo puritano calvinista e totalitario. In ambito religioso, gli incoscienti collettivi che si svegliano oggi sotto forma di radicalismi, non sono nient’altro che il normale esito della storia. La negazione delle differenze culturali, attraverso la propagazione di un modello universale chiamato globalizzazione, conduce necessariamente alla rivolta identitaria. La globalizzazione è in realtà un effetto dell’attuazione della credenza in base alla quale gli Stati Uniti abbiano la missione di salvare il mondo, secondo un piano divino. Si tratta di una convinzione che combina religione e capitalismo neoliberale e che ha per obiettivo quello di convincere gli altri Stati che questo sistema sia il rimedio ad ogni male, senza permettere alcuna distinzione sul piano culturale.
Sul piano della difesa, gli americani sorvegliano tutto il pianeta attraverso i programmi della NASA e i loro strumenti mediatici sociali, destinati ad invadere il mercato del villaggio globale. Ci sono delle questioni militari, economiche e di opportunità d’affari di cui solo i cinesi hanno compreso ogni dettaglio, perciò hanno creato i loro propri strumenti digitali di sorveglianza. I russi si sono concretamente raccolti intorno a questo potere. Gli Europei, dal canto loro, sognano beatamente un trattato transatlantico che regolerebbe il problema della difesa cibernetica e della crescita. Da questo punto di vista, l’Europa è divenuta ostaggio degli americani. Questo ci rimanda alla tematica del rispetto del diritto internazionale e delle norme sulla concorrenza, regolarmente ignorate da tutti, come il mercato sa molto bene.
Infine, sul piano ambientale, le nostre fabbriche producono senza sosta prodotti e servizi di cui il marketing si serve per venderci tutto ciò di cui non abbiamo bisogno. Questa produzione incontenibile ha inquinato il pianeta e i nostri cervelli. Nessun accordo sull’attuazione reale e concreta di una politica mirata a ridurre gli effetti negativi delle nostre modalità operative sulla Terra, nessun provvedimento effettivo e realizzabile ad oggi. La conferenza sul clima (COP 21), che si terrà in Francia a fine del 2015, è ad esempio un’opportunità straordinaria per i leaders di dimostrare se hanno il coraggio necessario per cambiare il mondo.
Eppure, nonostante tutto, oltre questo grigio ritratto della realtà, esistono delle eccezionali potenzialità creatrici di sviluppo che emergono tra le persone, nelle piccole comunità. Le nuove generazioni si stanno adattando in modo diverso, non mancano di idee, si accingono a creare un modello operativo che rifiuta, quasi in un richiamo tribale, la globalizzazione. Le reti sociali moltiplicano le possibilità di espansione della conoscenza e del sapere, mobilizzano un’intelligenza collettiva, dei modelli economici collaborativi, sociali e solidali. Alcune imprese creano dei nuovi modelli di leadership etica e responsabile, rispettosi della natura e dell’essere umano. In molti, hanno già con urgenza preso in considerazione una crescita di tipo differente, che rivede l’economia integrando e puntando sulle tecnologie ecosostenibili, sull’imposizione di un prezzo sul carbone e sull’imprenditorialità sociale. Una parte dell’umanità crede nell’umanità. Ma la maggioranza dei nostri leader attuali, non ci crede. Credono piuttosto nella loro riuscita, nella loro rielezione, nella loro prestazione. Credono al prezzo delle azioni in borsa e si lasciano condurre verso l’avvenire dalla finanza.
Un vero leader non si lascia imporre nulla. Ascolta, inventa, crea, orienta, prende coscienza del fatto che il proprio ruolo è al servizio del destino dell’umanità. Egli disegna un piano di battaglia rivoluzionario, che sente emergere da se stesso, da coloro che lo circondano, dalla sua stessa energia creatrice che gli è donata per servire i cittadini, i suoi impiegati, i suoi simili. La leadership non si improvvisa, si costruisce passo dopo passo, nel confronto tra sé, gli altri e il resto del mondo. La scarsa conoscenza di sé è causa dei principali fallimenti nella leadership. Come si preparano i nostri leader ad affrontare questi tempi di cambiamenti avvenire? Quanto tempo dedicano alla gestione delle loro paure e delle loro angosce esistenziali?
C’è una tendenza generale a credere che la leadership si eserciti attraverso la padronanza della comunicazione. Il modo migliore di comunicare per un leader, in ogni caso, è quello di dire la verità. I loro consulenti in comunicazione direi che non vanno in questo senso. La crescita, così come l’abbiamo vissuta e conosciuta non è più realizzabile. La realtà è che dobbiamo cambiare le nostre abitudini da paesi ricchi, abituati a consumare e sprecare senza alcuna attenzione, continuando ad acquistare oggetti inutili. Come possiamo dare agli altri un senso comune se non l’abbiamo noi stessi? Come possiamo essere al servizio di qualcosa che è più grande di noi, se concentriamo tutte le energie sulla nostra riuscita individuale? Come potremmo mettere in pratica la solidarietà e la lealtà se non sviluppiamo dei modelli di leadership collaborativi e partecipativi? L’Europa è un buon esempio a questo proposito.
Le istituzioni europee costano molto, l’Europa è stata costruita intorno ad un trattato economico che non ha mai considerato una ricchezza l’integrazione delle differenze culturali dei paesi membri, quindi l’Europa non regolerà i problemi degli Stati e tra gli Stati. L’Europa non detiene la leadership sul mondo, sono le banche di investimento, i cinesi e gli americani. Allora che fare? Inventare dei nuovi modelli di leadership che permettano di contrastare il potere di Cina e Stati Uniti. Ma come? Prima di tutto, ridefinendo i valori ispirandosi ad una rilettura dei miti fondatori: la spiritualità greca, egiziana, latina, cristiana, il Rinascimento, l’Illuminismo e il nostro mondo moderno, l’una non deve assolutamente escludere l’altra. Poi, costruendo dei piani d’azione che riprendano il sentiero abbandonato della creazione del valore partenariale il cui modello si iscrive nella relazione intima e vicina al cliente. Ancora, utilizzando tutti i nuovi mezzi di comunicazione necessari alla messa in atto di queste nuove strategie. Infine, e sta qui la parte mancante delle leadership di oggi, lavorando tanto sul piano individuale che collettivo, favorendo dei comportamenti virtuosi coerenti ai nostri valori. Queste attitudini devono essere lontane dall’ossessione per il denaro, dovranno invece poggiare sulla volontà di rimettere il cliente al centro delle organizzazioni, quale unica fonte di creazione di valore. La prestazione economica che ne conseguirà dovrà essere annoverata come il frutto di questa condotta e non lo scopo.
Non è più tempo né per le proposte, né per i negoziati, è tempo di passare all’azione. La leadership non può essere un suggerimento ma una rivolta contro l’ottimismo irrealista. Un vero leader ha la capacità di radunare intorno a sé coloro che sono pronti a seguirlo per considerare una nuova visione del mondo, realizzarla rendendola operativa e ridare così fiducia all’umanità, e in questo contesto all’Occidente. Per ora, riguardo l’argomento appena trattato, emergono ben pochi leader di questo genere. Bergson diceva: «il futuro non è ciò che accadrà ma ciò che faremo», mi faccio e vi faccio questa domanda: cosa faremo? Chi lo farà?