Archives de l’auteur : Emmanuel Toniutti

A propos Emmanuel Toniutti

Entrepreneur, professeur Docteur (Ph.D.) en théologie de l'Université Laval de Québec (Canada). Entraîneur de Conseil d'Administration et de Comités Exécutifs. Spécialiste de l'éthique et des comportements de leadership, d'entrepreneurship et de gestions de crises, enseigne le leadership éthique et responsable à Executive Education HEC Paris. @EToniutti

De la guerre en Ukraine : morale ou éthique ?

Il n’existe pas de guerre juste. Toute guerre est un échec d’humanité, un échec dû au manque de dialogue entre les êtres humains, au manque de compréhension et de respect des différences des personnes, de cultures, de civilisations. Elle est également due à l’ignorance, c’est-à-dire au manque d’effort pour comprendre l’autre, dans ses différences, mais également se comprendre soi-même, ses réactions, ses émotions, sa propre culture. Le grand philosophe musulman Ibn Rushd disait : « L’ignorance conduit à la peur, la peur conduit à la haine, la haine conduit à la violence. Voilà l’équation ». Aucune guerre ne peut être justifiée, elle engendre la déshumanisation, le désespoir, l’absurde. Elle montre la barbarie, la démence, la folie qui habite l’être humain, son besoin de reconnaissance et de toute-puissance. C’est un constat d’humanité et d’inhumanité.

Et en ce sens, l’entrée en guerre de la Russie contre l’Ukraine le 24 février 2022 nous questionne lourdement, nous européens, nous occidentaux.

En tant qu’européens, du point de vue de la morale, nous condamnons en grande majorité l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, au moins pour trois raisons :

  • d’abord parce que la Russie, en agissant ainsi, viole les traités internationaux, elle ne respecte pas les règles qui structurent la morale ;
  • ensuite parce que la Russie, en agissant ainsi viole les valeurs qui constituent notre morale : la démocratie, la liberté, le respect et la dignité de la personne humaine ;
  • enfin, parce que la Russie, en agissant ainsi viole la déclaration universelle des droits de l’Homme, tue des civils, ce qui peut être considéré de ce point de vue également comme des crimes de guerre.

Ainsi la morale condamne.

Si nous nous déplaçons maintenant dans le champ de l’éthique, la situation devient plus complexe. Car l’éthique nous interroge sur la mise en action concrète de nos valeurs dans nos décisions et dans nos actions. Jusque-là, avec la morale, nous avons condamné mais nous n’avons pas agi.

L’éthique requiert de développer une vision systémique du contexte dans lequel cette guerre nous plonge et d’intégrer les différences de point de vue des parties prenantes concernées, autrement nous demeurons dans l’ignorance qui conduit à la peur, qui conduit à la violence, qui conduit aux extrémismes.

Du point de vue occidental européen, nous ne voulons pas la guerre, nous voulons tout faire pour trouver la paix, la plus juste qui soit. L’Ukraine ne fait ni partie de l’Europe, ni partie de l’OTAN et donc, nous n’intervenons pas directement dans ce conflit. Toutefois, notre indignation et la remise en question de nos valeurs de démocratie, de respect et de liberté, nous poussent à fournir un appui logistique humanitaire (accueil des réfugiés, organisation des couloirs humanitaires) et militaire (armes). Et nous privilégions la diplomatie afin d’essayer de régler le conflit par le dialogue.

Du point de vue russe, Vladimir Poutine justifie l’invasion de l’Ukraine pour protéger la Russie de l’extension de l’OTAN vers l’Est (le traité de 1990 après la chute du mur de Berlin prévoyait la non extension de l’OTAN), dont le leadership est entre les mains des USA, l’empire du mensonge, explique-t-il. Il attaque l’Ukraine qui selon lui a commis un génocide contre les populations russophones de l’Ukraine et contre les néonazis qui constituent la majorité du corps militaire ukrainien. Il brandit l’arme de dissuasion nucléaire pour montrer sa force potentielle.

Du point de vue ukrainien, incarné par son président Zelensky, il s’agit de mener le combat en action de la liberté et de la démocratie, contre la mort et la dictature. Il s’agit de sauver la vie des concitoyens ukrainiens, c’est un combat biologique vital pour la survie. Et en ce sens, il demande à l’OTAN et à l’Europe de le soutenir militairement pour défendre les valeurs de démocratie, de respect et de liberté. Il affirme même le cynisme de l’Occident à faire de grands discours (donc la morale) et de ne pas l’aider à défendre son pays (donc l’éthique).

Chacun de son point de vue a des motivations différentes liées au contexte, à la situation, à la culture et à la personnalité des leaders concernés. Et chacun, de son point de vue, a raison. En même temps, de très anciens thèmes babyloniens, déjà utilisés par les américains pour justifier la guerre en Irak, redeviennent à nouveau d’actualité : il s’agit de combattre le bien contre le mal, la lumière contre les ténèbres. Et derrière en sourdine, il s’agit de le faire au nom de Dieu. Mais Dieu ne fait pas la guerre, ce sont les hommes qui font la guerre. Faire la guerre au nom de Dieu relève du fanatisme religieux. Et Poutine ne manque pas à ce sujet de renvoyer les américains à leur propre incohérence lorsqu’ils ont justifié l’invasion de l’Irak en invoquant la présence d’armes chimiques qui n’ont en réalité jamais existé.

Qu’est-ce que cela signifie ? Cela souligne que dans tout conflit, il n’y a jamais (en tout cas c’est très rare) une partie qui a tort à cent pour cent et une autre qui a raison à cent pour cent. Cela, comme je le dis dès le début de cet article, ne justifie en rien le déclenchement d’une guerre. Et tout conflit nous renvoie à une incohérence entre les valeurs et les règles affichées (donc la morale) et leur mise en pratique concrète dans les faits (donc l’éthique). Et nous, les êtres humains, nous pouvons toujours être pris à défaut d’incohérence car nous ne sommes jamais exemplaires sur le sujet.

Et c’est là maintenant que l’éthique nous interroge justement, nous occidentaux, et européens en particulier. Au-delà de nos déclarations d’intention, jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour défendre nos valeurs de liberté, de démocratie, de respect de la personne humaine et de sa dignité ? A quoi sommes-nous prêts à renoncer ? Sommes-nous prêts à mourir pour l’Ukraine ? Sommes-nous prêts à perdre trente à quarante pour cent de notre bien-être pour sauver les ukrainiens ? Sommes-nous prêts à accueillir des réfugiés ? Sommes-nous prêts à imposer des sanctions jusqu’au point de ne plus avoir les moyens de payer l’essence à mettre dans nos voitures, à ne plus pouvoir nous chauffer par manque de gaz ? Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour être le plus cohérent possible ? Je nous pose la question, en transparence, pour éviter le cynisme, l’optimisme béat et l’hypocrisie. Et l’éthicien que je suis ne fait pas la morale.

L’Europe, en trouvant le juste équilibre du courage, tel que le définit Aristote, « être ni lâche (fuir), ni téméraire (contre-attaquer sans raisonner)» devrait saisir cette opportunité unique pour créer une vision, une stratégie et une politique de maintien de la paix communes, cohérentes avec nos valeurs humanistes. Car cette guerre (mais la crise sanitaire Covid-19 nous y renvoyait déjà également) nous interroge sur la cohérence, ou l’incohérence, de notre modèle politique avec nos valeurs humanistes.

Dans tous les cas, du point de vue de l’éthique, la négociation de la sortie de guerre ne peut passer que par le dialogue : la compréhension, l’écoute, la lucidité, l’authenticité, l’humilité, beaucoup d’humilité et peu d’arrogance.

2021 Retrouver l’enthousiasme – Regaining ones enthusiasm

La Joie parfaite et la tentation du désespoir

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2021 : retrouver l’enthousiasme

La crise est une rupture qui définit un avant et un après. Elle modifie très sensiblement nos habitudes. Elle requiert que nous changions notre vision du monde car elle remet en question nos modes de fonctionnement, nos espaces relationnels, notre façon de vivre.

Depuis le mois de janvier 2020, date à laquelle l’Occident a officiellement pris conscience du surgissement de la pandémie, je répète à l’envie un message qui semble difficilement entendable.

Le voici. Lorsqu’une crise survient, la rapidité de rebond des individus et des organisations, repose sur un principe psychologique de base : la capacité à imaginer le pire de ce qui pourrait nous arriver à nous-mêmes et aux autres, et à l’organisation que nous dirigeons. Sans cette capacité à imaginer le pire, nous restons pris dans une dynamique de plaisir qui nous empêche d’affronter la réalité. Alors viennent le déni, le grand aveuglement et la peur.

La souffrance naît toujours d’un décalage entre notre imaginaire et la réalité. Nous sommes pris entre le désir de ce que nous voudrions que la situation dans laquelle nous vivons soit, et ce qu’elle est vraiment. Plus nous laissons libre cours à notre désir, moins nous acceptons la réalité, plus nous souffrons.

Lorsque j’aborde cette dynamique, les conversations s’animent et le premier mécanisme de défense psychologique des personnes qui m’entourent se formalise alors en ces mots : « Vous avez une vision pessimiste du monde ! ». Je réponds toujours qu’il n’y a là aucun pessimisme qui m’anime mais plutôt un réalisme qui, au bout du compte, cherche à anticiper la meilleure voie de sortie de crise.

La résilience requiert la capacité à ne pas se mentir et à ne pas mentir aux autres. La crise est un moment extrêmement difficile à traverser, elle demande d’abord du réalisme. Il est impossible de retrouver de la joie et de l’enthousiasme si nous n’avons pas eu d’abord la possibilité de faire le point sur les émotions contraires qui nous animent : la peur, la tristesse, le dégoût et la colère. Des émotions normales qui constituent la base de notre humanité mais que nous avons tendance à refouler car notre éducation nous a souvent laissé croire qu’elles étaient moralement condamnables, créant ainsi en nous une forme de culpabilité consciente ou inconsciente. Il n’en est cependant rien, il n’y a ici aucune connotation morale à ces émotions. Il suffit de les reconnaître et de les accepter comme un état de fait, avec bienveillance et tendresse.

Combien de temps prenons-nous pour nous-mêmes, pour écouter nos émotions ? Combien de temps prenons-nous pour écouter celles de ceux qui nous sont proches ? De nos équipes ? Comment faisons-nous pour suspendre un instant l’accélération du temps dans lequel nous sommes emportés comme un cerf-volant qui danse dans un ouragan ? Le silence et la patience sont d’or.

Retrouver l’enthousiasme, c’est d’abord s’arrêter pour évaluer, avec soi-même et avec les autres, la réalité de nos émotions et des faits de la situation dans laquelle nous sommes. C’est ensuite imaginer le pire car quand le pire est identifié, nulle fausse joie ne peut venir ternir notre présent ou notre futur. C’est également savoir ce sur quoi nous pouvons agir et ce sur quoi nous ne pouvons pas agir, afin de ne pas nous épuiser contre des murs insurmontables. Alors nous pouvons nous mettre en chemin animés par une énergie intérieure nourrie par ce qui nous passionne et qui nous pousse au-delà de nous-mêmes. Une énergie intérieure elle-même portée par une énergie extérieure qui nous dépasse et nous transcende, car nous nous sentons transporté par le souffle des dieux, tel que l’étymologie du mot « enthousiasme » nous l’indique. C’est à ces seules conditions que la crise peut être envisagée comme une opportunité ouvrant sur des espaces de nous-mêmes inconnus, ou mis en veille, jusqu’alors.

#enthousiasme #entreprendre #émotions #culture #société #entreprise #leadership #management #résilience #joie  

2021: regaining ones enthousiasm

The crisis is a rupture that defines a before and after. It modifies our habits very significantly. It requires us to change our vision of the world because it calls into question our ways of functioning, our relational spaces and our way of life.

Since January 2020, when the West officially became aware of the emergence of the pandemic, I have been repeating a message that seems difficult to hear.

And here it is. When a crisis occurs, the speed with which individuals and organisations bounce back is based on a basic psychological principle: the ability to imagine the worst that could happen to ourselves and others, and to the organisation we lead. Without this ability to imagine the worst, we remain trapped in a dynamic of pleasure that prevents us from facing reality. Then comes denial, a great blindness and fear.

Suffering always arises from a gap between our imagination and reality. We are caught between what we would like the situation to be, and what it really is. The more we give free rein to our desire, the less we accept reality and the more we suffer.

When I address this dynamic, conversations come alive and the first psychological defence mechanism of the people around me becomes formalized in to these words: « You have a pessimistic vision of the world! ». I always answer that there is no pessimism that drives me but rather a realism that, in the end, seeks to anticipate the best way out of the crisis.

Resilience requires the ability not to lie to oneself and others. The crisis is an extremely difficult time to go through, it requires realism first. It is impossible to regain joy and enthusiasm if we have not first had the opportunity to take stock of the contrary emotions that animate us: fear, sadness, disgust and anger. These are normal emotions which form the basis of our humanity but which we tend to repress because our upbringing has often led us to believe that they are morally reprehensible, thus creating in us a form of conscious or unconscious guilt. However, this is not the case, there is no moral connotation to these emotions here. It is enough to recognise them and accept them as a fact, with kindness and tenderness.

How much time do we take for ourselves, to listen to our emotions? How long do we take to listen to those close to us? To our teams? How do we put on hold, for a moment, the acceleration of time in which we are swept away like a kite dancing in a hurricane? Silence and patience are golden.

Regaining ones enthusiasm means first of all stopping to assess, with oneself and with others, the reality of our emotions and the facts of the situation we are in. It is then to imagine the worst, because when the worst is identified, no false joy can come to tarnish our present or our future. It is also knowing what we can and cannot act on, so that we do not exhaust ourselves against insurmountable walls. Then we can set out on our journey, animated by an inner energy, nourished by what we are passionate about and which pushes us beyond ourselves. An inner energy that is itself carried by an outer energy that surpasses and transcends us, because we feel transported by the breath of the gods, as the etymology of the word « enthusiasm » tells us. It is under these conditions alone that the crisis can be seen as an opportunity opening up spaces of ourselves that were unknown, or put on hold, until now.

#enthusiasm #enterprise #emotions #culture #society #company #leadership #management #resilience #joy

COVID-19 La grande opportunité

La sortie de crise commence maintenant | economiesuisse

Par Emmanuel Toniutti @EToniutti

Pour anticiper le futur, il faut regarder la réalité en face, bien en face, sans faux-semblants. Il faut même envisager le pire.

La réalité est que la crise du coronavirus nous est imposées. Qu’elle soit issue de la Nature, des enjeux de pouvoir géopolitiques liés à la mondialisation ou bien de malveillances diverses et variées, elle nous dépasse, elle nous rappelle à l’humilité, elle nous remémore que nous sommes poussière, de pauvres petits mortels qui ont une tendance naturelle, quand tout va bien, à se prendre pour des petits dieux sans en avoir l’air.

L’acte majeur de cette crise, au-delà du confinement, au-delà des mensonges de nos dirigeants politiques et de leur manque d’anticipation et de vision stratégique du futur, vient de ce que nous, les êtres humains, nous démontrons ici une capacité à créer et à être solidaires les uns des autres de manière exceptionnelle. D’autre part, même si nos dirigeants ont des manquements comme tout le monde tels que je viens de les souligner, ils ont pris la décision de faire primer l’humain sur l’économique, c’est une première dans notre histoire dans la gestion d’une pandémie.

Mais malgré les efforts déployés, les plans financiers mis en place, nous devrons faire face à des milliers de faillites d’entreprises, petites, moyennes et, peut-être, grandes. Le coup d’arrêt du confinement mondial à l’économie est unique en ce sens. Il nous interpelle sur notre modèle de société de surconsommation du « toujours plus ». Il nous questionne sur le sens que nous voulons donner à notre existence. Il nous invite à retrouver le sens d’une humanité fragile que nous désirions invincible.

La sortie de crise du COVID-19 nous offre une grande opportunité : celle de changer de modèle de société. Nous avons besoin de leaders qui aiment l’humanité et la justice, nous avons besoin de bienveillance, de solidarité et de fraternité. Ces mots, souvent employés, se réfèrent tous à une émotion et une valeur de base : l’amour. En ce sens, l’une des réponses que je suggère pour cette sortie de crise est « Le leadership de l’amour. Une nouvelle Voie pour l’Occident ».

Ce livre a pour objectif d’avoir la tête dans les étoiles et les pieds sur terre. Il décrit très concrètement ce que peut être un modèle de société qui repose sur l’amour, l’éthique et la responsabilité : le respect inconditionnel des parties prenantes impactées par les décisions des dirigeants, de nous toutes et tous. Préfacé par Stéphane Richard, PDG du groupe Orange, il indique un chemin clair et pragmatique pour entraîner les dirigeants à s’approprier et mettre en œuvre ce modèle. Il se nourrit également de témoignages concrets de dirigeants qui l’ont mis en place dans leurs organisations.

Le futur de nos enfants et de nos petits-enfants s’écrit maintenant. Faisons-le ensemble !

 

#civilisation #société #culture #COVID19 #ethique #responsabilité #amour #leadership #demain #humanisme

COVID-19 : une nouvelle Voie pour l’Occident

Sortir de la crise du coronavirus ensemble, être solidaire les uns des autres ?

« Le leadership de l’amour. Une nouvelle Voie pour l’Occident » avec une préface inédite de Stéphane Richard, PDG du groupe Orange.

Une réponse concrète au leadership de crise du COVID-19 et au futur de nos enfants.

À télécharger directement sur ce lien 

Le leadership de l'amour. Une nouvelle Voie pour l'Occident

 

 

 

 

 

 

 

 

 

#HumanInside #LeLeadershipDeLAmour #culture #civilisation #société #COVID2019

COVID-19 Le grand aveuglement

Risultato immagini per image aveuglementPar Emmanuel Toniutti    @EToniutti

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Je suis un entrepreneur, réaliste, d’un naturel optimiste et spécialiste du leadership éthique de crise depuis 20 ans. Cette précaution d’usage étant faite, je vous livre mon analyse du leadership de crise, en Europe, du coronavirus, dit COVID-19, déclaré pandémie internationale par l’Organisation Mondiale de la Santé.

Je crois que le constat d’un manque absolu de lucidité et de réalisme des autorités politiques de toute l’Europe (Suisse comprise) marquera son histoire de manière irrémédiable pour le futur. Le 23 janvier 2020 le gouvernement chinois décide de placer la ville de Wuhan en quarantaine puis simultanément toute la province du Hubei, soient 57 millions de personnes. Tous les experts et entrepreneurs internationaux qui, comme moi, ont une grande expérience de la Chine, savent qu’une telle décision souligne l’extrême gravité de la situation. Cela signifie que les chinois, alors que les premiers cas sont dénoncés officiellement par les médecins au mois de décembre 2019, ne réussissent pas à endiguer l’épidémie. J’ai tout de suite alerté de cette gravité sur Twitter le 22 janvier, sans effet bien sûr. En fait, ceux qui ont des contacts sur place en Chine savent que les premiers cas apparaissent dès le mois d’octobre 2019 mais ils ne font pas l’objets de cas répétés (l’histoire montrera dans le futur que nous n’aurions pas dû nous fier aux chiffres chinois). Il est impossible que les ambassades et les consulats européens sur place ne soient pas informés de ce contexte. Si ce n’est pas le cas, ils ne remplissent pas leur mission sur le territoire chinois. Il est donc improbable que les dirigeants européens ne connaissent pas cette réalité. Il va alors se passer ce qui peut arriver de pire dans la conduite de crise, la négation de la réalité des faits : « cela ne peut pas nous arriver à nous occidentaux, la Chine c’est très loin, c’est une mauvaise grippe qui va tuer quelques personnes âgées chinoises ». L’Organisation Mondiale de la Santé elle-même ne déclare l’urgence sanitaire internationale que le 30 janvier 2020 au soir, soit une semaine après la fermeture du Hubei. Le 30 janvier, Giuseppe Conte déclare l’état d’urgence nationale en Italie pour six mois.

Les européens ne voient rien. Ils continuent à prendre normalement l’avion pour partir dans le monde entier. Travaillant personnellement à l’international, j’ai de la chance car je n’ai pas à voyager avant le 4 février 2020. À partir de cette date, je voyage exclusivement avec un masque de protection sur mon visage, étant l’objet de regards suspects et de blagues humoristiques douteuses dans les lougnes aéroportuaires d’Alitalia et d’Air France. Pour précision, habitant dans le Tessin, mon aéroport de référence est celui de Milan Maplensa, dans la province de Lombardie. Je continue à alerter, les réponses sont toujours les mêmes : « tu délires, c’est une mauvaise grippe ». J’ai un autre coup de chance, mes voyages en avion s’arrêtent le 21 février et le 29 février je suis touché par une grippe, confirmée par mon médecin traitant m’interdisant de voyager jusqu’au 20 mars. J’informe donc mes clients que je ne suis pas en mesure de tenir les prochains séminaires. J’ai alors le temps d’étudier et de recouper des études cliniques COVID-19 en anglais, en français et en italien qui me font comprendre que la gravité dont j’ai eu l’intuition dès le départ n’est pas à la mesure du tsunami qui va surgir. Entre temps le 22 février, Giuseppe Conte, qui a pris conscience de la gravité des foyers d’épidémie qui sont en train d’exploser dans tout le nord de l’Italie, décide de mettre les villes durement touchées en quarantaine. Au dehors de l’Italie, tout le monde s’interroge sur le surréalisme de Giuseppe Conte.

Le 8 mars 2020, je me trouve en conférence téléphonique avec un groupe de dirigeants européens, hors italiens, à qui j’explique l’extrême gravité de cette situation alors que Giuseppe Conte vient de placer les zones rouges de l’Italie du Nord en quarantaine. Ils me répliquent : « cette décision italienne est totalement exagérée, il ne s’agit que d’une mauvaise grippe ».  Sur le coup, je reste émotionnellement choqué par ce déni. Puis je comprends, alors que je ne cesse d’alerter sur les réseaux sociaux depuis des semaines, qu’ils nient la réalité. Quant aux politiques, je préfère penser qu’ils refusent eux aussi la réalité. Car s’il s’avérait à termes qu’ils savaient, et qu’ils aient choisi de mentir délibérément à tous les citoyens et aux personnels de santé, cela dénoterait non seulement leur incompétence mais aussi leur amateurisme, leur manque d’anticipation et leur irresponsabilité globale. Cela engagerait non seulement leur responsabilité morale, mais aussi éthique et pénale.

Après avoir décidé, la quarantaine pour toutes les provinces touchées par l’épidémie, le 9 mars 2020 Conte décide de l’étendre à toute l’Italie. En s’inspirant de l’expérience chinoise, il prend une décision qui implique un choix radical qui est le confinement total du pays. Une décision courageuse qui est interprétée par les autres gouvernements européens comme une exagération. L’Italie sera la seule d’ailleurs à appliquer la recommandation de l’OMS qui consiste à tester le plus grand nombre de personnes. L’Espagne attendra 5 jours pour suivre l’Italie. La France déclarera timidement un confinement strict seulement une semaine après, le 16 mars 2020 au soir, après avoir préalablement largement dénigré la décision italienne et tenu le premier tour de ses élections municipales le 15 mars. Aujourd’hui l’Angleterre qui comptait sur la stratégie de l’immunité naturelle entre en confinement total. Walter Riccardi, Executive Board Member de l’Organisation Mondiale de la Santé s’est exprimé en ces termes le 20 mars : « Avec un retard coupable selon moi, la France, l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse, au lieu de réagir rapidement ont préféré temporiser ».

La suite nous la connaissons, le grand désastre va commencer. De grâce, si cela vous est possible, faite comme moi qui suis en confinement total volontaire avec ma famille depuis le 29 février, restez chez vous, faites-vous livrer votre nourriture, ne sortez pas ! Je souhaite un énorme courage à tous les personnels de santé que nous ne remercierons jamais suffisamment et à toutes celles et ceux qui assurent les services nécessaires au fonctionnement vital de nos communautés. Nous redécouvrons qu’ils sont toutes et tous vitaux pour notre vie quotidienne. Il faudra nécessairement revoir à la hausse leurs conditions de travail. Il est impératif de quitter notre modèle de société néolibérale et remettre l’humanisme au cœur de la politique et de nos organisations.

La bonne nouvelle de cette crise est que l’Italie, ayant dû faire face à l’urgence du COVID-19 en premier, a indiqué tout de suite son intention de leadership : faire passer la santé des italiens avant l’économie. Elle a été ensuite suivie par un grand nombre de pays européens. C’est un fait historique dans la conduite d’une épidémie. L’être humain avant l’argent.

Quoi qu’il en soit, il n’y aura pas d’autre alerte. L’humanité n’aura pas de futur sans la solidarité, l’amour et la fraternité !

Versione italiana

Sono un imprenditore, realistico, naturalmente ottimista, e uno specialista nella direzione etica della crisi da 20 anni. Con questa premessa che funge un po’ da “precauzione d’utilizzo”, vi do la mia analisi sulla leadership di crisi, in Europa, durante il coronavirus, noto come COVID-19, dichiarata pandemia internazionale dall’Organizzazione mondiale della sanità.

Credo innanzitutto che questa assoluta mancanza di lucidità e realismo da parte delle autorità politiche di tutta l’Europa (compresa la Svizzera) segnerà la storia in modo irreversibile per il futuro. Il 23 gennaio 2020, il governo cinese ha deciso di mettere in quarantena la città di Wuhan e quindi contemporaneamente l’intera provincia di Hubei, ovvero 57 milioni di persone. Tutti gli esperti e gli imprenditori internazionali che, come me, hanno una vasta esperienza in Cina, sanno che una tale decisione sottolinea l’estrema gravità della situazione. Ciò significa che i cinesi, mentre i primi casi sono stati segnalati ufficialmente dai medici a dicembre 2019, non riescono ad arginare l’epidemia. Ho immediatamente avvisato di questa serietà su Twitter il 22 gennaio, ovviamente senza alcun effetto. In effetti, coloro che hanno contatti locali in Cina sanno che i primi casi compaiono già nell’ottobre 2019, ma non sono oggetto di casi ripetuti (la storia mostrerà in futuro che non avremmo dovuto fare affidamento a tutte le informazioni cinesi). È impossibile che le ambasciate e i consolati europei in loco non siano informati di questo contesto. In caso contrario, non stanno compiendo appieno la loro missione sul territorio cinese. È quindi improbabile che i leader europei non conoscano questa realtà. Accadrà poi il peggio che può accadere nella gestione delle crisi, la negazione della realtà dei fatti: « questo non può succedere a noi occidentali, la Cina è molto lontana, è una brutta influenza che ucciderà alcuni anziani cinesi « . La stessa Organizzazione Mondiale della Sanità non dichiara un’emergenza sanitaria internazionale fino alla sera del 30 gennaio 2020, una settimana dopo la chiusura di Hubei. Il 30 gennaio Giuseppe Conte dichiarò lo stato di emergenza nazionale in Italia per sei mesi.

Gli europei non vedono nulla. Continuano a volare normalmente per girare il mondo. Lavorando a livello internazionale, mi capita un colpo di fortuna perché casualmente quest’anno non dovevo viaggiare prima del 4 febbraio 2020. Da questa data, viaggio esclusivamente con una maschera protettiva sul viso, diventando tra l’altro l’oggetto di sguardi sospetti e discutibili battute umoristiche negli aeroporti di Alitalia e Air France. Per chiarire, vivendo in Ticino, il mio aeroporto di riferimento è quello di Milano Malpensa, in Lombardia. Continuo ad allertare, le risposte sono sempre le stesse: « tu deliri, è solo una brutta influenza ». Ho un altro colpo di fortuna, il mio viaggio aereo si interrompe il 21 febbraio e il 29 febbraio prendo un’influenza, confermata dal mio medico curante che mi proibisce di viaggiare fino al 20 marzo. Informo pertanto i miei clienti che non sono in grado di tenere i prossimi seminari. Ho quindi il tempo di studiare e verificare gli studi clinici COVID-19 in inglese, francese e italiano che mi fanno capire che la gravità che avevo intuito fin dal principio è solo l’inizio dello tsunami che ci travolgerà tutti.

Nel frattempo, il 22 febbraio, Giuseppe Conte, che è venuto a conoscenza della gravità dei focolai del nord Italia, decide di mettere in quarantena le città colpite duramente. Al di fuori dall’Italia, tutti si chiedono se la reazione di Giuseppe Conte non sia un po’ esagerata

L’8 marzo 2020, sono in teleconferenza con un gruppo di leader europei, esclusi gli italiani, ai quali spiego l’estrema gravità di questa situazione quando Giuseppe Conte ha appena collocato le aree rosse del nord Italia in quarantena. Rispondono: « questa decisione italiana è completamente esagerata, è solo una brutta influenza ». Al momento, rimango emotivamente scioccato da questa negazione. Poi capisco, mentre ho avvisato sui social network per settimane, che semplicemente negano la realtà.

Per quanto riguarda i politici, preferisco pensare che anch’essi rifiutino la realtà. Perché se si scopre a lungo termine che sapevano e che hanno scelto di mentire deliberatamente a tutti i cittadini e al personale sanitario, ciò significherebbe non solo la loro incompetenza ma anche il loro dilettantismo, la loro mancanza di anticipazione e la loro irresponsabilità generale. Ciò implicherebbe non solo la loro responsabilità morale, ma anche etica e penale.

Dopo aver deciso, la quarantena per tutte le province colpite dall’epidemia, il 9 marzo 2020 Conte decide di estenderla a tutta l’Italia. Attingendo all’esperienza cinese, prende una decisione che implica una scelta radicale che è il contenimento totale del paese. Una decisione coraggiosa che viene interpretata da altri governi europei come un’esagerazione. L’Italia sarà l’unica ad applicare la raccomandazione dell’OMS per testare il maggior numero di persone. La Spagna attenderà 5 giorni per seguire l’Italia. La Francia dichiarerà timidamente il confino solo una settimana dopo, la sera del 16 marzo 2020, dopo aver ampiamente denigrato la decisione italiana e tenuto il primo turno delle elezioni comunali il 15 marzo. Oggi l’Inghilterra, che si basava sulla strategia dell’immunità naturale, sta entrando nel contenimento totale. Walter Riccardi, membro del consiglio direttivo dell’Organizzazione mondiale della sanità, si è espresso in questi termini il 20 marzo: « Con un ritardo colpevole, secondo me, Francia, Germania, Austria e Svizzera, anziché reagire rapidamente, preferiscono procrastinare”.

Il resto lo sappiamo, inizierà il grande disastro. Credo che qualora e per coloro che ne hanno la possibilità, meglio fare come sono stato io, in totale confinamento volontario con la mia famiglia dal 29 febbraio, restare a casa, farsi consegnare il cibo, non uscire!

Auguro una grande forza e molto coraggio a tutto il personale sanitario che non potremo mai ringraziare abbastanza e per tutti coloro che forniscono i servizi necessari per il funzionamento vitale delle nostre comunità. Stiamo riscoprendo che sono tutti essenziali per la nostra vita quotidiana. Le loro condizioni di lavoro dovranno necessariamente essere riviste da un punto di vista economico. È indispensabile lasciare il nostro modello di società neoliberista e riportare l’umanesimo al centro della politica e delle nostre organizzazioni.

La buona notizia di questa crisi è che l’Italia, avendo affrontato per prima l’emergenza COVID-19, ha immediatamente indicato la sua intenzione di leadership: mettere la salute degli italiani davanti all’economia. Questa priorità è stata poi seguita da un gran numero di paesi europei. La condotta di questa epidemia è un fatto storico, e l’essere umano, è ora ancora più evidente, viene prima dei soldi.

Ad ogni modo, per noi deve essere un monito per il futuro. L’umanità non potrà sopravvivere senza solidarietà, amore e fratellanza!

#COVID19 #COVID2019 #coronavirus #société #civilisation #humanisme #ethique #OMS #leadership

Coronavirus pavor

English version below – Versione italiana sotto

 

Risultato immagini per who       Par @EToniutti

Coronavirus pavor 

Spécialiste des comportements sous stress, accompagnant les conseils d’administration et les comités exécutifs depuis 20 ans à l’international, j’ai pu vérifier que dans cent pour cent des cas, les dirigeants projettent inconsciemment leurs peurs dans les processus de décision de crise.

Le comité exécutif de l’Organisation Mondiale de la Santé n’échappe pas à cette règle. La peur de la panique générale, la peur d’un chaos géopolitique et la peur d’un effondrement économique entraveraient-elles sa lucidité et son authenticité ? Son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus sait très bien qu’il devra déclarer la pandémie internationale dans une à deux semaines au maximum. Mais pour le moment, il se réfugie derrière un processus de décision scientifique et politique qui n’intègre visiblement pas les critères intuitifs, émotionnels, éthiques et culturels systémiques nécessaires au leadership de crise.

Pourquoi devrions-nous ménager l’exécutif chinois quand on sait que les premiers cas sont apparus en Chine dès le début du mois de décembre 2019 et que la Chine les a étouffés ? Parce que nous avons peur de la Chine. Pourquoi devrions-nous avoir peur de la panique des citoyens face à une déclaration de pandémie ? Parce que nous ne savons pas comment communiquer clairement en vérité et en transparence.

Tout cela pose une vraie question de leadership. Et comme toujours cette situation nous interroge sur notre capacité au courage à être ni lâche et ni téméraire, mais à trouver le juste équilibre dans la protection des citoyens. La peur est toujours mauvaise conseillère mais faut-il encore accepter d’avoir peur pour pouvoir la surmonter et prendre la situation en main. Dans la crise, vous êtes votre propre ennemi.

 

Coronavirus pavor

Specialist in behaviors under stress, accompanying international boards and executive committees for 20 years, I was able to verify that in one hundred percent of the cases, the leaders unconsciously project their fears into the crisis decision-making processes.

The executive committee of the World Health Organization is no exception to this rule. Fears of general panic,  geopolitical chaos and economical collapse would hinder his lucidity and his authenticity? Its managing director Tedros Adhanom Ghebreyesus knows very well that he will have to declare the international pandemic in one to two weeks maximum. But for the moment, he is hiding behind a scientific and politic decision-making process that does not visibly integrate the intuitive, emotional, ethical and systemic cultural criteria necessary for crisis leadership.

Why should we spare the Chinese executive when we know that the first cases appeared in China at the beginning of December 2019 and that China has stifled them? Because we are afraid of China. Why should we be afraid of the panic of citizens faced with a declaration of a pandemic? Because we do not know how to communicate clearly in truth and transparency.

All of this poses a real question of leadership. And as always, this situation questions our ability to have the courage to be neither cowardly nor reckless but to find the right balance in protecting citizens. Fear is always a bad counselor, but you still have to accept being afraid to overcome it and take the lead. In the crisis, you are your own enemy.

 

 Coronavirus pavor

Specialista in comportamenti sotto stress, accompagnando consigli di amministrazione e comitati esecutivi internazionali per 20 anni, sono stato in grado di verificare che nel cento per cento dei casi i leader proiettano inconsciamente le loro paure nei processi decisionali di crisi.

Il comitato esecutivo dell’Organizzazione mondiale della sanità non fa eccezione a questa regola. La paura del panico generale, la paura del caos geopolitico e la paura del collasso economico potrebbero ostacolare la sua lucidità e la sua autenticità? L’amministratore delegato Tedros Adhanom Ghebreyesus sa benissimo che dovrà dichiarare la pandemia internazionale entro una o due settimane al massimo. Ma per il momento si nasconde dietro un processo decisionale scientifico e politico che non sembra integrare i criteri culturali intuitivi, emotivi, etici e sistemici necessari per la leadership della crisi.

Perché dovremmo risparmiare l’esecutivo cinese quando sappiamo che i primi casi sono comparsi in Cina all’inizio di dicembre 2019 e che la Cina li ha soffocati? Perché abbiamo paura della Cina. Perché dovremmo avere paura del panico dei cittadini di fronte a una dichiarazione di pandemia? Perché non sappiamo comunicare chiaramente in verità e trasparenza.

Tutto ciò pone una vera questione di leadership. E come sempre, questa situazione mette in discussione la nostra capacità di avere il coraggio di non essere né codardi né sconsiderati, ma di trovare il giusto equilibrio nella protezione dei cittadini. La paura è sempre un cattivo consigliere, ma bisogna accettare di avere paura per superarla e prendere la situazione in mano. Nella crisi, ciascuno di noi è il nemico di se stesso.

 

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