2021 Retrouver l’enthousiasme – Regaining ones enthusiasm

La Joie parfaite et la tentation du désespoir

English version below

2021 : retrouver l’enthousiasme

La crise est une rupture qui définit un avant et un après. Elle modifie très sensiblement nos habitudes. Elle requiert que nous changions notre vision du monde car elle remet en question nos modes de fonctionnement, nos espaces relationnels, notre façon de vivre.

Depuis le mois de janvier 2020, date à laquelle l’Occident a officiellement pris conscience du surgissement de la pandémie, je répète à l’envie un message qui semble difficilement entendable.

Le voici. Lorsqu’une crise survient, la rapidité de rebond des individus et des organisations, repose sur un principe psychologique de base : la capacité à imaginer le pire de ce qui pourrait nous arriver à nous-mêmes et aux autres, et à l’organisation que nous dirigeons. Sans cette capacité à imaginer le pire, nous restons pris dans une dynamique de plaisir qui nous empêche d’affronter la réalité. Alors viennent le déni, le grand aveuglement et la peur.

La souffrance naît toujours d’un décalage entre notre imaginaire et la réalité. Nous sommes pris entre le désir de ce que nous voudrions que la situation dans laquelle nous vivons soit, et ce qu’elle est vraiment. Plus nous laissons libre cours à notre désir, moins nous acceptons la réalité, plus nous souffrons.

Lorsque j’aborde cette dynamique, les conversations s’animent et le premier mécanisme de défense psychologique des personnes qui m’entourent se formalise alors en ces mots : « Vous avez une vision pessimiste du monde ! ». Je réponds toujours qu’il n’y a là aucun pessimisme qui m’anime mais plutôt un réalisme qui, au bout du compte, cherche à anticiper la meilleure voie de sortie de crise.

La résilience requiert la capacité à ne pas se mentir et à ne pas mentir aux autres. La crise est un moment extrêmement difficile à traverser, elle demande d’abord du réalisme. Il est impossible de retrouver de la joie et de l’enthousiasme si nous n’avons pas eu d’abord la possibilité de faire le point sur les émotions contraires qui nous animent : la peur, la tristesse, le dégoût et la colère. Des émotions normales qui constituent la base de notre humanité mais que nous avons tendance à refouler car notre éducation nous a souvent laissé croire qu’elles étaient moralement condamnables, créant ainsi en nous une forme de culpabilité consciente ou inconsciente. Il n’en est cependant rien, il n’y a ici aucune connotation morale à ces émotions. Il suffit de les reconnaître et de les accepter comme un état de fait, avec bienveillance et tendresse.

Combien de temps prenons-nous pour nous-mêmes, pour écouter nos émotions ? Combien de temps prenons-nous pour écouter celles de ceux qui nous sont proches ? De nos équipes ? Comment faisons-nous pour suspendre un instant l’accélération du temps dans lequel nous sommes emportés comme un cerf-volant qui danse dans un ouragan ? Le silence et la patience sont d’or.

Retrouver l’enthousiasme, c’est d’abord s’arrêter pour évaluer, avec soi-même et avec les autres, la réalité de nos émotions et des faits de la situation dans laquelle nous sommes. C’est ensuite imaginer le pire car quand le pire est identifié, nulle fausse joie ne peut venir ternir notre présent ou notre futur. C’est également savoir ce sur quoi nous pouvons agir et ce sur quoi nous ne pouvons pas agir, afin de ne pas nous épuiser contre des murs insurmontables. Alors nous pouvons nous mettre en chemin animés par une énergie intérieure nourrie par ce qui nous passionne et qui nous pousse au-delà de nous-mêmes. Une énergie intérieure elle-même portée par une énergie extérieure qui nous dépasse et nous transcende, car nous nous sentons transporté par le souffle des dieux, tel que l’étymologie du mot « enthousiasme » nous l’indique. C’est à ces seules conditions que la crise peut être envisagée comme une opportunité ouvrant sur des espaces de nous-mêmes inconnus, ou mis en veille, jusqu’alors.

#enthousiasme #entreprendre #émotions #culture #société #entreprise #leadership #management #résilience #joie  

2021: regaining ones enthousiasm

The crisis is a rupture that defines a before and after. It modifies our habits very significantly. It requires us to change our vision of the world because it calls into question our ways of functioning, our relational spaces and our way of life.

Since January 2020, when the West officially became aware of the emergence of the pandemic, I have been repeating a message that seems difficult to hear.

And here it is. When a crisis occurs, the speed with which individuals and organisations bounce back is based on a basic psychological principle: the ability to imagine the worst that could happen to ourselves and others, and to the organisation we lead. Without this ability to imagine the worst, we remain trapped in a dynamic of pleasure that prevents us from facing reality. Then comes denial, a great blindness and fear.

Suffering always arises from a gap between our imagination and reality. We are caught between what we would like the situation to be, and what it really is. The more we give free rein to our desire, the less we accept reality and the more we suffer.

When I address this dynamic, conversations come alive and the first psychological defence mechanism of the people around me becomes formalized in to these words: « You have a pessimistic vision of the world! ». I always answer that there is no pessimism that drives me but rather a realism that, in the end, seeks to anticipate the best way out of the crisis.

Resilience requires the ability not to lie to oneself and others. The crisis is an extremely difficult time to go through, it requires realism first. It is impossible to regain joy and enthusiasm if we have not first had the opportunity to take stock of the contrary emotions that animate us: fear, sadness, disgust and anger. These are normal emotions which form the basis of our humanity but which we tend to repress because our upbringing has often led us to believe that they are morally reprehensible, thus creating in us a form of conscious or unconscious guilt. However, this is not the case, there is no moral connotation to these emotions here. It is enough to recognise them and accept them as a fact, with kindness and tenderness.

How much time do we take for ourselves, to listen to our emotions? How long do we take to listen to those close to us? To our teams? How do we put on hold, for a moment, the acceleration of time in which we are swept away like a kite dancing in a hurricane? Silence and patience are golden.

Regaining ones enthusiasm means first of all stopping to assess, with oneself and with others, the reality of our emotions and the facts of the situation we are in. It is then to imagine the worst, because when the worst is identified, no false joy can come to tarnish our present or our future. It is also knowing what we can and cannot act on, so that we do not exhaust ourselves against insurmountable walls. Then we can set out on our journey, animated by an inner energy, nourished by what we are passionate about and which pushes us beyond ourselves. An inner energy that is itself carried by an outer energy that surpasses and transcends us, because we feel transported by the breath of the gods, as the etymology of the word « enthusiasm » tells us. It is under these conditions alone that the crisis can be seen as an opportunity opening up spaces of ourselves that were unknown, or put on hold, until now.

#enthusiasm #enterprise #emotions #culture #society #company #leadership #management #resilience #joy

Une réflexion au sujet de « 2021 Retrouver l’enthousiasme – Regaining ones enthusiasm »

  1. Haertig Olivier

    Analyse lumineuse : la crise du Covid nous fait souffrir en effet car elle révèle l’ampleur de nos dénis des réalités et des illusions confortables mais mensongères où nous nous étions installés .

    Parmi les premiers : l’effacement de la mort, l’oubli de la dimension tragique de nos existences, la fragilité de notre civilisation technique.

    Parmi les secondes : la puissance de l’Etat régalien , l’ utilité de notre administration, (cf nos Agences Régionales de Santé), la pureté du discours scientifique et médical, l’efficacité du marché….

    La pandémie charrie un méli-mélo éthique prodigieux, certes angoissant mais dont nous sortirons plus fort. Il est salutaire que tombent en morceaux les mensonges que nous nous faisions ou qu’on nous faisait pour nous voiler la face.

    Répondre

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