Par Emmanuel Toniutti @EToniutti
Versione italiana sotto
Je suis un entrepreneur, réaliste, d’un naturel optimiste et spécialiste du leadership éthique de crise depuis 20 ans. Cette précaution d’usage étant faite, je vous livre mon analyse du leadership de crise, en Europe, du coronavirus, dit COVID-19, déclaré pandémie internationale par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Je crois que le constat d’un manque absolu de lucidité et de réalisme des autorités politiques de toute l’Europe (Suisse comprise) marquera son histoire de manière irrémédiable pour le futur. Le 23 janvier 2020 le gouvernement chinois décide de placer la ville de Wuhan en quarantaine puis simultanément toute la province du Hubei, soient 57 millions de personnes. Tous les experts et entrepreneurs internationaux qui, comme moi, ont une grande expérience de la Chine, savent qu’une telle décision souligne l’extrême gravité de la situation. Cela signifie que les chinois, alors que les premiers cas sont dénoncés officiellement par les médecins au mois de décembre 2019, ne réussissent pas à endiguer l’épidémie. J’ai tout de suite alerté de cette gravité sur Twitter le 22 janvier, sans effet bien sûr. En fait, ceux qui ont des contacts sur place en Chine savent que les premiers cas apparaissent dès le mois d’octobre 2019 mais ils ne font pas l’objets de cas répétés (l’histoire montrera dans le futur que nous n’aurions pas dû nous fier aux chiffres chinois). Il est impossible que les ambassades et les consulats européens sur place ne soient pas informés de ce contexte. Si ce n’est pas le cas, ils ne remplissent pas leur mission sur le territoire chinois. Il est donc improbable que les dirigeants européens ne connaissent pas cette réalité. Il va alors se passer ce qui peut arriver de pire dans la conduite de crise, la négation de la réalité des faits : « cela ne peut pas nous arriver à nous occidentaux, la Chine c’est très loin, c’est une mauvaise grippe qui va tuer quelques personnes âgées chinoises ». L’Organisation Mondiale de la Santé elle-même ne déclare l’urgence sanitaire internationale que le 30 janvier 2020 au soir, soit une semaine après la fermeture du Hubei. Le 30 janvier, Giuseppe Conte déclare l’état d’urgence nationale en Italie pour six mois.
Les européens ne voient rien. Ils continuent à prendre normalement l’avion pour partir dans le monde entier. Travaillant personnellement à l’international, j’ai de la chance car je n’ai pas à voyager avant le 4 février 2020. À partir de cette date, je voyage exclusivement avec un masque de protection sur mon visage, étant l’objet de regards suspects et de blagues humoristiques douteuses dans les lougnes aéroportuaires d’Alitalia et d’Air France. Pour précision, habitant dans le Tessin, mon aéroport de référence est celui de Milan Maplensa, dans la province de Lombardie. Je continue à alerter, les réponses sont toujours les mêmes : « tu délires, c’est une mauvaise grippe ». J’ai un autre coup de chance, mes voyages en avion s’arrêtent le 21 février et le 29 février je suis touché par une grippe, confirmée par mon médecin traitant m’interdisant de voyager jusqu’au 20 mars. J’informe donc mes clients que je ne suis pas en mesure de tenir les prochains séminaires. J’ai alors le temps d’étudier et de recouper des études cliniques COVID-19 en anglais, en français et en italien qui me font comprendre que la gravité dont j’ai eu l’intuition dès le départ n’est pas à la mesure du tsunami qui va surgir. Entre temps le 22 février, Giuseppe Conte, qui a pris conscience de la gravité des foyers d’épidémie qui sont en train d’exploser dans tout le nord de l’Italie, décide de mettre les villes durement touchées en quarantaine. Au dehors de l’Italie, tout le monde s’interroge sur le surréalisme de Giuseppe Conte.
Le 8 mars 2020, je me trouve en conférence téléphonique avec un groupe de dirigeants européens, hors italiens, à qui j’explique l’extrême gravité de cette situation alors que Giuseppe Conte vient de placer les zones rouges de l’Italie du Nord en quarantaine. Ils me répliquent : « cette décision italienne est totalement exagérée, il ne s’agit que d’une mauvaise grippe ». Sur le coup, je reste émotionnellement choqué par ce déni. Puis je comprends, alors que je ne cesse d’alerter sur les réseaux sociaux depuis des semaines, qu’ils nient la réalité. Quant aux politiques, je préfère penser qu’ils refusent eux aussi la réalité. Car s’il s’avérait à termes qu’ils savaient, et qu’ils aient choisi de mentir délibérément à tous les citoyens et aux personnels de santé, cela dénoterait non seulement leur incompétence mais aussi leur amateurisme, leur manque d’anticipation et leur irresponsabilité globale. Cela engagerait non seulement leur responsabilité morale, mais aussi éthique et pénale.
Après avoir décidé, la quarantaine pour toutes les provinces touchées par l’épidémie, le 9 mars 2020 Conte décide de l’étendre à toute l’Italie. En s’inspirant de l’expérience chinoise, il prend une décision qui implique un choix radical qui est le confinement total du pays. Une décision courageuse qui est interprétée par les autres gouvernements européens comme une exagération. L’Italie sera la seule d’ailleurs à appliquer la recommandation de l’OMS qui consiste à tester le plus grand nombre de personnes. L’Espagne attendra 5 jours pour suivre l’Italie. La France déclarera timidement un confinement strict seulement une semaine après, le 16 mars 2020 au soir, après avoir préalablement largement dénigré la décision italienne et tenu le premier tour de ses élections municipales le 15 mars. Aujourd’hui l’Angleterre qui comptait sur la stratégie de l’immunité naturelle entre en confinement total. Walter Riccardi, Executive Board Member de l’Organisation Mondiale de la Santé s’est exprimé en ces termes le 20 mars : « Avec un retard coupable selon moi, la France, l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse, au lieu de réagir rapidement ont préféré temporiser ».
La suite nous la connaissons, le grand désastre va commencer. De grâce, si cela vous est possible, faite comme moi qui suis en confinement total volontaire avec ma famille depuis le 29 février, restez chez vous, faites-vous livrer votre nourriture, ne sortez pas ! Je souhaite un énorme courage à tous les personnels de santé que nous ne remercierons jamais suffisamment et à toutes celles et ceux qui assurent les services nécessaires au fonctionnement vital de nos communautés. Nous redécouvrons qu’ils sont toutes et tous vitaux pour notre vie quotidienne. Il faudra nécessairement revoir à la hausse leurs conditions de travail. Il est impératif de quitter notre modèle de société néolibérale et remettre l’humanisme au cœur de la politique et de nos organisations.
La bonne nouvelle de cette crise est que l’Italie, ayant dû faire face à l’urgence du COVID-19 en premier, a indiqué tout de suite son intention de leadership : faire passer la santé des italiens avant l’économie. Elle a été ensuite suivie par un grand nombre de pays européens. C’est un fait historique dans la conduite d’une épidémie. L’être humain avant l’argent.
Quoi qu’il en soit, il n’y aura pas d’autre alerte. L’humanité n’aura pas de futur sans la solidarité, l’amour et la fraternité !
Versione italiana
Sono un imprenditore, realistico, naturalmente ottimista, e uno specialista nella direzione etica della crisi da 20 anni. Con questa premessa che funge un po’ da “precauzione d’utilizzo”, vi do la mia analisi sulla leadership di crisi, in Europa, durante il coronavirus, noto come COVID-19, dichiarata pandemia internazionale dall’Organizzazione mondiale della sanità.
Credo innanzitutto che questa assoluta mancanza di lucidità e realismo da parte delle autorità politiche di tutta l’Europa (compresa la Svizzera) segnerà la storia in modo irreversibile per il futuro. Il 23 gennaio 2020, il governo cinese ha deciso di mettere in quarantena la città di Wuhan e quindi contemporaneamente l’intera provincia di Hubei, ovvero 57 milioni di persone. Tutti gli esperti e gli imprenditori internazionali che, come me, hanno una vasta esperienza in Cina, sanno che una tale decisione sottolinea l’estrema gravità della situazione. Ciò significa che i cinesi, mentre i primi casi sono stati segnalati ufficialmente dai medici a dicembre 2019, non riescono ad arginare l’epidemia. Ho immediatamente avvisato di questa serietà su Twitter il 22 gennaio, ovviamente senza alcun effetto. In effetti, coloro che hanno contatti locali in Cina sanno che i primi casi compaiono già nell’ottobre 2019, ma non sono oggetto di casi ripetuti (la storia mostrerà in futuro che non avremmo dovuto fare affidamento a tutte le informazioni cinesi). È impossibile che le ambasciate e i consolati europei in loco non siano informati di questo contesto. In caso contrario, non stanno compiendo appieno la loro missione sul territorio cinese. È quindi improbabile che i leader europei non conoscano questa realtà. Accadrà poi il peggio che può accadere nella gestione delle crisi, la negazione della realtà dei fatti: « questo non può succedere a noi occidentali, la Cina è molto lontana, è una brutta influenza che ucciderà alcuni anziani cinesi « . La stessa Organizzazione Mondiale della Sanità non dichiara un’emergenza sanitaria internazionale fino alla sera del 30 gennaio 2020, una settimana dopo la chiusura di Hubei. Il 30 gennaio Giuseppe Conte dichiarò lo stato di emergenza nazionale in Italia per sei mesi.
Gli europei non vedono nulla. Continuano a volare normalmente per girare il mondo. Lavorando a livello internazionale, mi capita un colpo di fortuna perché casualmente quest’anno non dovevo viaggiare prima del 4 febbraio 2020. Da questa data, viaggio esclusivamente con una maschera protettiva sul viso, diventando tra l’altro l’oggetto di sguardi sospetti e discutibili battute umoristiche negli aeroporti di Alitalia e Air France. Per chiarire, vivendo in Ticino, il mio aeroporto di riferimento è quello di Milano Malpensa, in Lombardia. Continuo ad allertare, le risposte sono sempre le stesse: « tu deliri, è solo una brutta influenza ». Ho un altro colpo di fortuna, il mio viaggio aereo si interrompe il 21 febbraio e il 29 febbraio prendo un’influenza, confermata dal mio medico curante che mi proibisce di viaggiare fino al 20 marzo. Informo pertanto i miei clienti che non sono in grado di tenere i prossimi seminari. Ho quindi il tempo di studiare e verificare gli studi clinici COVID-19 in inglese, francese e italiano che mi fanno capire che la gravità che avevo intuito fin dal principio è solo l’inizio dello tsunami che ci travolgerà tutti.
Nel frattempo, il 22 febbraio, Giuseppe Conte, che è venuto a conoscenza della gravità dei focolai del nord Italia, decide di mettere in quarantena le città colpite duramente. Al di fuori dall’Italia, tutti si chiedono se la reazione di Giuseppe Conte non sia un po’ esagerata
L’8 marzo 2020, sono in teleconferenza con un gruppo di leader europei, esclusi gli italiani, ai quali spiego l’estrema gravità di questa situazione quando Giuseppe Conte ha appena collocato le aree rosse del nord Italia in quarantena. Rispondono: « questa decisione italiana è completamente esagerata, è solo una brutta influenza ». Al momento, rimango emotivamente scioccato da questa negazione. Poi capisco, mentre ho avvisato sui social network per settimane, che semplicemente negano la realtà.
Per quanto riguarda i politici, preferisco pensare che anch’essi rifiutino la realtà. Perché se si scopre a lungo termine che sapevano e che hanno scelto di mentire deliberatamente a tutti i cittadini e al personale sanitario, ciò significherebbe non solo la loro incompetenza ma anche il loro dilettantismo, la loro mancanza di anticipazione e la loro irresponsabilità generale. Ciò implicherebbe non solo la loro responsabilità morale, ma anche etica e penale.
Dopo aver deciso, la quarantena per tutte le province colpite dall’epidemia, il 9 marzo 2020 Conte decide di estenderla a tutta l’Italia. Attingendo all’esperienza cinese, prende una decisione che implica una scelta radicale che è il contenimento totale del paese. Una decisione coraggiosa che viene interpretata da altri governi europei come un’esagerazione. L’Italia sarà l’unica ad applicare la raccomandazione dell’OMS per testare il maggior numero di persone. La Spagna attenderà 5 giorni per seguire l’Italia. La Francia dichiarerà timidamente il confino solo una settimana dopo, la sera del 16 marzo 2020, dopo aver ampiamente denigrato la decisione italiana e tenuto il primo turno delle elezioni comunali il 15 marzo. Oggi l’Inghilterra, che si basava sulla strategia dell’immunità naturale, sta entrando nel contenimento totale. Walter Riccardi, membro del consiglio direttivo dell’Organizzazione mondiale della sanità, si è espresso in questi termini il 20 marzo: « Con un ritardo colpevole, secondo me, Francia, Germania, Austria e Svizzera, anziché reagire rapidamente, preferiscono procrastinare”.
Il resto lo sappiamo, inizierà il grande disastro. Credo che qualora e per coloro che ne hanno la possibilità, meglio fare come sono stato io, in totale confinamento volontario con la mia famiglia dal 29 febbraio, restare a casa, farsi consegnare il cibo, non uscire!
Auguro una grande forza e molto coraggio a tutto il personale sanitario che non potremo mai ringraziare abbastanza e per tutti coloro che forniscono i servizi necessari per il funzionamento vitale delle nostre comunità. Stiamo riscoprendo che sono tutti essenziali per la nostra vita quotidiana. Le loro condizioni di lavoro dovranno necessariamente essere riviste da un punto di vista economico. È indispensabile lasciare il nostro modello di società neoliberista e riportare l’umanesimo al centro della politica e delle nostre organizzazioni.
La buona notizia di questa crisi è che l’Italia, avendo affrontato per prima l’emergenza COVID-19, ha immediatamente indicato la sua intenzione di leadership: mettere la salute degli italiani davanti all’economia. Questa priorità è stata poi seguita da un gran numero di paesi europei. La condotta di questa epidemia è un fatto storico, e l’essere umano, è ora ancora più evidente, viene prima dei soldi.
Ad ogni modo, per noi deve essere un monito per il futuro. L’umanità non potrà sopravvivere senza solidarietà, amore e fratellanza!
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